Lutte contre le harcèlement scolaire : témoignage d'une médiatrice à l'école

En Guyane, le projet "Médiateur à l'école", porté localement par le Centre de ressources politique de la ville (CRPV), est implanté dans l'ensemble des collèges des quartiers prioritaires de la politique de la ville, avec 24 médiateurs sociaux en activité. A l'occasion de la journée nationale de lutte contre le harcèlement scolaire, l'une d'entre eux, Martine Neman, intervenant au collège Antoine Sylvère Félix et au sein du groupe scolaire Serge Adelson à Soula Macouria, revient sur son rôle, au quotidien, auprès des élèves.

5 novembre 2020

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Martine Neman, Médiatrice sociale en milieu scolaire

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Je suis Mme Martine Neman, médiatrice sociale en milieu scolaire au collège Antoine Sylvère Félix et au sein du groupe scolaire Serge Adelson à Soula Macouria en Guyane depuis le 1er septembre 2017.

Quel est votre rôle au sein du site scolaire ?

J’interviens essentiellement sur les conflits, les violences, les incivilités et le harcèlement. Tous les matins, à la première heure d’entrée, je suis présente aux abords de l’établissement pour un rappel au règlement et créer un lien de proximité. Je préviens et lutte également contre l’absentéisme et le décrochage scolaire en entretenant le lien école/ collège/ quartiers/ familles. Les CPE me font remonter les récapitulatifs d’absences de plus de quatre demi-journées. Je reçois l’élève en question, rencontre les parents au collège ou en faisant une VAD (visite à domicile) afin d’en comprendre les raisons. Dans le cadre de la lutte contre l’absentéisme et le décrochage scolaire, je fais des réunions régulières avec le PRE (programme de réussite éducative) afin d’orienter certains élèves. Ces temps constituent l’occasion d’obtenir des informations sur le suivi des élèves orientés. Enfin, j’essaie de développer les comportements citoyens par le développement du dialogue et de la tolérance. J’interviens souvent durant les heures de vie de classe avec l’assistante sociale ou la CPE sur la tolérance.

Comment intervenez-vous spécifiquement sur la thématique du harcèlement scolaire ?

J’interviens sur le harcèlement quand il y a une saisine d’un élève, d’un assistant social, d’un enseignant, du CPE, ou d’un parent. Ainsi, quand un membre du personnel me demande de recevoir un élève qui se fait harceler ou qui paraît triste, renfermé, je vais chercher celui-ci dans la classe pour une écoute afin de créer un lien de confiance et libérer la parole. J’organise alors une médiation avec le/les élève(s) harceleur(s) et rencontre leurs familles afin de les informer de la situation. Je mets ensuite automatiquement en place un suivi avec ces élèves en les recevant de nouveaux dans les jours qui suivent. De plus, une fois par mois j’effectue des actions de sensibilisation pour lutter contre le harcèlement sur le long terme à travers le dispositif des « ambassadeurs contre le harcèlement ». Il consiste à former des élèves volontaires à la lutte contre le harcèlement afin qu’ils puissent sensibiliser leurs pairs sur ces questions. Cette année nous avons déjà réuni une vingtaine d’élèves volontaires pour intégrer le dispositif et devenir ambassadeurs de la lutte contre le harcèlement.

Comment votre action sur le harcèlement scolaire s’inscrit-elle avec celle de la communauté éducative ?

Le collège dispose d’une référente harcèlement avec qui je collabore et que je sollicite régulièrement pour mettre en place des projets. Dans le cadre de la journée nationale de lutte contre le harcèlement scolaire, nous travaillons autour d’actions de sensibilisation, en lien avec France Médiation, telles que l’organisation d’un « café des parents » pour échanger sur les moqueries pouvant engendrer des situations de harcèlement. Un théâtre forum visant à amener les élèves à se questionner sur leurs comportements verra aussi le jour. Un comité de pilotage pour la lutte contre le harcèlement a également été mis sur pied. Il a pour rôle de veiller au suivi des situations et au bon fonctionnement des projets. Il est composé de la direction, du CPE, de l’assistant social, l’infirmière, l’assistant d'éducation, la coordonnatrice REP+, et la médiatrice sociale. Il permet d’assurer le suivi et l’évaluation des situations de harcèlement, du point de vue du harcelé comme du harceleur. Cette instance valide également les partenaires avec qui le collège travaille dans le cadre de la lutte contre le harcèlement.

Quel impact percevez-vous de votre travail quotidien sur les relations entre les élèves et le harcèlement scolaire ?

Depuis trois ans, cet accompagnement est mis en place, et je perçois l’amélioration du bien-être des élèves ainsi que de nombreux non retours de harcèlement. Après détection d’un cas au sein d’un de mes établissements, je reçois, une fois par semaine les élèves concernés en entretien individuel afin d’évaluer l’évolution de la situation. Il s’agit de s’assurer que le harceleur ne récidive pas, et que le harcelé reprenne sa place dans un climat scolaire serein. Malgré l’amélioration constatée au fil des années, je continue d’être vigilante afin de repérer les signaux méritant une attention particulière.

Merci Martine pour ce témoignage.

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