A Bordeaux, des médiateurs sociaux « Promeneurs du Net »

FOCUS INITIATIVE | Le GIP Bordeaux Métropole Médiation* est le premier acteur du secteur de la médiation sociale à expérimenter ce dispositif national de « présence éducative en ligne ».

22 novembre 2019

 

Le GIP a rejoint début 2019 le réseau de plus de mille professionnels intervenant quotidiennement auprès de jeunes (éducateurs, animateurs, conseillers du réseau Information jeunesse, professionnels de santé ou de l'Éducation nationale...). Sur la base d'une expérience suédoise, le dispositif des « Promeneurs du Net » est généralisé en France depuis 2016 par la Caisse nationale des allocations familiales (Cnaf). Le principe est de permettre aux acteurs engagés de développer, dans le prolongement de leurs missions classiques, une activité en ligne : cette dernière est encadrée et légitimée grâce à une charte nationale, des formations, des rencontres annuelles et un réseau départemental d'échange de pratiques et d'accompagnement.

Un des objectifs du dispositif est de maintenir le contact avec les publics habituels qui auraient tendance à de moins en moins sortir pour s'enfermer devant des écrans. Cependant, si l'usage d'Internet peut accentuer l'isolement social, il peut aussi offrir de nouvelles possibilités. Un lien singulier, plus direct, peut par exemple être établi en ligne. Pour la directrice du GIP, Éléonore Bécat, la finalité est « d'appliquer "l'aller vers" dans la rue numérique. Internet est devenu un espace public universel. Une partie de la vie de quartier s'y joue désormais, c'est pourquoi il faut l'investir ».

Le dispositif des Promeneurs du Net peut ainsi être un moyen pour les acteurs sociaux et éducatifs d'élargir le panel de leurs bénéficiaires : les jeunes filles par exemple, traditionnellement plus en retrait dans l'espace public et donc moins concernées par les actions de rue, peuvent être réintégrées dans les actions. Ces potentialités soulèvent tout de même deux points de vigilance pour les professionnels : d'une part la limite de leur intervention dans un environnement virtuel où la séparation entre vie publique et vie privée reste fluctuante ; d'autre part, les modalités du retour au réel, en particulier jusque dans les structures d'accompagnement social.

Pour les médiateurs du GIP, tout le défi consiste à redéployer leurs registres d'intervention et leur déontologie dans l'univers digital. Ils se sont tout d'abord créés une identité professionnelle numérique pour pouvoir évoluer sur les applications (réseaux sociaux, blogs, forums...). Ils poursuivent leurs missions de présence active de proximité, d'accès au droit, de mobilisation sur des initiatives locales, de prévention et de gestion de violences. Ce nouveau champ d'activité ne se limite pas à une transposition et implique une adaptation aux enjeux spécifiques d'Internet : maîtrise des usages propres aux espaces virtuels (anonymat ; règles de confidentialité ; horaires décalés...) ; pondération des effets d'amplification (emballement collectif autour de rumeurs et de conflits ; exacerbation de la violence verbale ; agressivité des « trolls »...) ; sensibilisation à la recomposition des sources d'information, face aux hoax [« canular »] et au risque d'endoctrinement, etc. Le GIP entend également conserver une approche intergénérationnelle, plus en phase avec le référentiel de la médiation sociale.

Pour cette première année d'expérimentation, deux médiateurs du GIP consacrent trois heures par semaine à ce nouveau mode d'intervention. Un retour d'expérience permettra prochainement d'en mesurer tout l'intérêt pour la médiation sociale.

A Consulter | Portail des « Promeneurs du Net » | « Promeneurs du Net, un nouveau métier » (AHS)

_

*Le Groupement d’intérêt public (GIP) Bordeaux Métropole Médiation fait l’objet d’une gouvernance partagée rassemblant : des collectivités (Métropole, Villes de Bordeaux, Talence et Mérignac), des opérateurs du logement (Aquitanis, Domofrance, Incité) et le Pimms de Bordeaux. Le GIP construit un projet de médiation sociale en direction de tous les habitants (y compris ceux résidant dans des squats) et acteurs locaux (partenaires socio-éducatifs, associations, commerçants, bailleurs...) du territoire. Il propose aussi de l'ingénierie, de la formation et de l'animation de réseau.